Un Web-Documentaire réalisé par Loraine Gaultier et Anne Renaud

Le Café Signe

S’initier à cette langue n’est pas facile. À part les cours de la Faculté,  peu d’initiatives visent à permettre au grand public de la découvrir.

La Langue des Signes Française est signée par environ 100 000 personnes en France, dont la majorité la pratique en tant que langue principale.

L’association USM 67 (Union des Sourds et Malentendants d'Alsace) y organise des cours d’apprentissage, ainsi que différents évènements de sensibilisation destinés à démocratiser cette langue.

Le café est situé dans la rue Wencker, près de la place de la République.

Aujourd'hui, nous avons décidé de participer à notre premier Café-Signe.

Le but de cet évènement est d’organiser une rencontre conviviale entre sourds et entendants.

Lorsque la soirée commence, nous sommes déstabilisées...

 

 

Le contact est difficile, et nous ressentons vraiment la barrière de la langue.

 

Au fil de la soirée, le dialogue se met néanmoins en place, et nous rencontrons peu à peu tous les invités.

Les discussions se construisent en groupe : on signe, on parle, on mime, on lit sur les lèvres...

 

 

Et on se comprend.

Chacun s’improvise interprète pour aider l’autre.

Nous avons demandé à quelques invités de nous parler de leur parcours.

En introduction, nous leur avons tous posé la même question...

Quel est votre signe préféré ?»

"Chat"

Amélie est venue rencontrer les professeurs de l’association, car elle envisage de commencer les cours dès l’année prochaine. La façon dont elle a découvert la LSF est des plus atypique.

 

 

 

 

 

« Ma fille est à la maternelle, et l’une de ses professeurs a commencé à leur apprendre quelques signes de la LSF. Des chansons, des histoires... Qu’elle signe également. Ils connaissent donc les deux interprétations à chaque fois. J’aime beaucoup l’idée de sensibiliser les tout-petits à ce langage de façon ludique. Maintenant, ma fille connaît quelques mots, qu’elle signe parfois. J’ai envie de la suivre dans cet apprentissage, et de l’encourager. »

« Eh bien... Je dirais « chat » ! C’est l’un des seuls que je connais, et il me plaît bien. »

 

"Fidèle"

« Pour signer son contraire, infidèle, le geste est pratiquement le même. Seul le dernier mouvement diffère : il doit cette fois reproduire des détours sur la ligne de la main. Je trouve que la différence entre les deux est très explicite, et l’image assez belle. »

 

 

 

 

 

«À l’école primaire, j’apprenais quelques mots avec des amis, en faisant des mimes, mais je ne connaissais pratiquement rien de cette langue.

 

Pendant mes études, je ne parlais qu’avec des entendants, mais je me rendais compte qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, qui coinçait. Avec peu de personnes, ça allait, mais en groupe, communiquer et participer à la conversation devenait très compliqué. Je ne me sentais pas à l’aise, pas à ma place.

 

J’avais besoin de rencontrer des personnes qui avaient plus en commun avec moi. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de m’inscrire dans des associations sportives pour les sourds...

 

Ça a été un vrai changement pour moi : j’étais beaucoup plus à l’aise, et j’ai rencontré des personnes qui me comprenaient davantage.

 

Quelques années après la fin de mes études, j’ai donc naturellement commencé à apprendre la LSF.»

Madjid est sourd depuis sa naissance, mais ne commence à apprendre la LSF qu’à partir de ses 29 ans.

Petit, il va à l’école située à Neudorf, spécialisée pour les sourds, où il reste jusqu’à la troisième.

 

 

 

Les professeurs y parlent avec la LPC, « Langue française Parlée Complétée, et non la langue des signes. C’est un langage phonétique, un code manuel autour du visage, complété par la lecture sur les lèvres. C’est seulement plusieurs années après la fin de ses études qu’il commence à apprendre la LSF.

« Configuration »

 

 

Laurence est en seconde et souhaite s’orienter vers des études de langues. Ce soir, elle est venue rencontrer des professeurs, voir à quoi le lieu ressemble... Car elle souhaite commencer un stage d’apprentissage dès cet été.

 

« La première fois que j’ai entendu parler de la LSF, c’était en regardant une série américaine, Switch at Bir- th. J’étais vraiment fan. Après avoir découvert cette série, j’ai voulu apprendre quelques mots... J’ai commencé à suivre des chaînes de Youtubeurs, sourds pour la plu- part, qui pratiquent la LSF et partagent leurs connaissances. Au début, c’était seulement par curiosité, mais maintenant, je commence à avoir pas mal de vocabulaire. »

« En regardant une vidéo compilant tout un tas de signes différents, je me suis rendue compte que c’était le seul que j’avais retenu... Et surtout, le premier ! Impossible de savoir pourquoi. »

Anne s’est toujours intéressée à la langue des signes, mais aujourd’hui, elle rencontre pour la première fois des personnes qui la pratiquent.

 

« Je suis actuellement dans un moment de reconversion, qui m’amène à m’interroger sur mon avenir... Et je reviens à des choses qui m’ont toujours intéressée. En l’occurrence, le milieu du handicap.

 

J’ai déjà eu un contact avec ce milieu, car mon fils a un handicap moteur, mais qui n’a rien à voir avec un handicap de surdité. J'ai toujours été très sensible au travail des personnes qui se sont occupées de lui, et plus généralement aux personnes travaillant dans ce milieu. Il y a un côté relationnel, sensible que je n’ai jamais vécu dans mon travail. Je crois qu’à ce jour, c’est ce que j’ai envie de faire. J’ai envie d’être utile aux autres. »

« Tortue de mer »

« Tortue de mer. Tout simplement parce que je l’ai toujours trouvé amusant. »