Melodysheep, artiste VFX sur les hypothèses de l’univers

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Réalisations Curiosités
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Il n’y a pas besoin d’être scientifique ni d’être passionné de science-fiction, c’est l’expérience du voyage et de l’exploration qui est posée ici et donc de la rencontre.

John D. Boswell, ou encore sous son surnom Melodysheep, est un artiste conceptualiste et spécialisé dans la modélisation 3D. Son travail, posté sur YouTube en libre accès, touche des questionnements sur l’espace et notre place dans l’univers. Entourés d’une petite équipe maintenant, ils donnent au grand public l’opportunité de comprendre certaines facettes scientifiques à travers des visuels uniques. Sa vision concrète du macro et abstraite du micro touche le monde : avec plus d’un million d’abonnés sur YouTube, ses vidéos atteignent des millions de vues.

Est-on seul ? À quoi ressemblera le futur ? Et si l’on résumait la temporalité de l’univers en à peine 10 minutes ? Chaque vidéo pose une intrigue, articulée autour d’un questionnement sur la composition de l’univers et de sa création. Durant entre 15 et 40 minutes, ce sont de véritables métrages (courts ou longs) que Melodysheep met en place. Chaque épisode, soutenu d’une bande sonore envoûtante, nous happe dans l’univers de John D. Boswell, retraçant à sa manière les hypothèses de la création de la lune ou les possibilités de vie extraterrestre loin, très loin de notre planète.

La plupart des animations ont été générées par d’autres artistes que Melodysheep, spécialement pour ces projets. Il travaille avec d’autres artistes dans l’objectif de partager son admiration pour la diversité de la nature et la vie. Melodysheep est en réalité une équipe qui a l’opportunité d’assouvir sa curiosité et d’imaginer des paysages possibles sur des exoplanètes confirmées, ou encore de simuler des phénomènes spatiaux avec un appui scientifique. Grâce à la volonté et la direction éditoriale de John Boswell de vouloir mélanger divertissement et précision scientifique, celui-ci orchestre pour illustrer ce que l’on ne peut pas illustrer, présente des réactions physiques sous un autre angle, donne à voir des visuels si proches du réalisme que cela nous paraît vraisemblable. En plus de cela, sa maîtrise du montage et de la gestion d’une caméra dans un espace totalement virtuel donne un résultat proche du cinéma. Il s’agit d’un autre niveau de la didactique visuelle : savoir s’approprier une connaissance pour pouvoir la transmettre au plus près de notre réalité. C’est le défi que s’est donné Boswell, le défi de créer pour donner à voir et à rêver.

Une documentation rigoureuse par des scientifiques qui témoignent de leur expertise à l’oral donne aux vidéos une crédibilité scientifique, comme approuvées par les chercheurs dans le monde. Les interventions comme celle de Dr. Sarah T. Stewart ou de la NASA elle-même donnent une authenticité au contenu.

Les vidéos ne démontrent rien pour autant, mais proposent au grand public de se questionner, de s’ouvrir aux possibilités. Les sujets présentés sont encore de grands points d’interrogation à nos yeux. Il est plus question de poser ce que l’on sait et ce que l’on commence à connaître de par nos connaissances de la vie, pour ainsi proposer des hypothèses auxquelles on aimerait croire. Chaque vidéo est un voyage entre rêverie scientifique et données confirmées.

Entre texte centré à l’écran et intervention orale explicative soutenant l’image, le rythme s’accélère et ralentit en fonction des phénomènes expliqués. Les deux méthodes d’explication se succèdent tout au long de la vidéo.

Donnant des temps de respiration à des moments visuels calmes ou des temps d’accélération à des moments plus rythmés.

De la modélisation de l’eau ou du carbone à une très petite échelle à des réactions plus monumentales comme la collision de deux planètes, Melodysheep rend ses épisodes autant contemplatifs qu’informatifs. Une once de narration vient donner du sens à la vidéo, comme un fil conducteur : que ce soit une chronologie (épisode Timelapse of the Future) ou une énumération d’hypothèses, l’artiste nous plonge dans l’histoire qu’il nous raconte visuellement, nous touchant toujours d’une manière ou d’une autre. Parfois même il construit un environnement favorable à ce qu’il souhaite présenter, comme un musée dans le projet le plus récent Life Beyond 2.

Ce que l’on semble percevoir pour l’instant à des années-lumière de notre planète ne sont visibles que pour la plupart par des simulations informatiques : Melodysheep l’affirme même dans la dernière vidéo publiée en parlant d’une vie présumée dans les étoiles mourantes. Pourtant, son intérêt principal pour la transmission correcte d’informations scientifiques est notable et ses recherches à travers multiples sources certifiées telles que la NASA ne font que valoriser son travail. Il accompagne son contenu de représentations scientifiques ou encore d’infographies pour consolider ses propos : présentant par exemple l’élément chimique carbone, les visualisations de cet élément sont légendées par des informations utiles comme sa configuration électronique ou encore son poids atomique. Parfois même, les données sont favorisées visuellement pour soutenir une théorie. Dans Life Beyond II, Melodysheep explique le constat de pics dans le spectre de lumière de notre planète causés par les plantes. À travers ce graphique, il en vient à avancer que si l’on analyse le même phénomène venant d’une exoplanète, cela pourrait nous guider vers de la végétation extraterrestre et serait un signe concret de la vie dans l’espace. Chaque théorie présentée dans ses vidéos, adossée à un propos scientifique, est visualisée et développée par l’animation et la narration.

“I try for a healthy mix of entertainment and scientific accuracy” – John Boswell

Life Beyond II : un musée de la vie d’ailleurs

“Supported by Protocol Labs”. Comme un film, chaque vidéo débute avec la présentation d’un même collaborateur, comme la mise en avant d’une société de production pourrait le faire. Il s’agit en fait d’un lab open source qui permet à ses vidéos d’être optimisées en qualité et en vitesse. Protocol Labs présente de nombreux services et outils qui améliorent et déclinent l’utilisation d’Internet.

Même si la vie dans l’univers risque d’être étrange, elle sera régie par les mêmes lois physiques que les humains. L’environnement est le facteur majeur de la multiformité. Des trillions de planètes existant, les possibilités d’ADN sont infinies.

L’épisode de 38 minutes Life Beyond II questionne sur la possibilité de diversification de la vie. John Boswell structure l’épisode d’une manière tout à fait singulière : il nous invite, grâce à « un musée de la vie » imaginée par ses soins, à suivre deux expositions (qui seront ces axes principaux). La première exposition s’intitule « la vie comme on la connaît », l’autre présente « la vie comme on ne la connaît pas ». À travers un bâtiment conçu en 3D, spécialement établi pour l’épisode, Melodysheep classe les différents types de vie possible (de la bactérie à la vie alien organique) et nous guide à travers les salles.

1.Boswell nous présente une thématique avec un plan structuré : accroche, deux axes, conclusion. Il amorce en se posant la question de notre propre diversité de vie sur Terre. Est-ce un phénomène unique ou faisons-nous partie d’un phénomène biochimique qui nous dépasse ? Qu’est-il possible sous les lois de la nature ?

« La vie comme on la connaît »

Le premier axe se penche sur les possibilités de vie réfléchies en fonction des éléments biochimiques connus par l’Homme.

Le point de départ de la vie reste naturellement le carbone. Ici l’élément nous est présenté de manière précise et les interactions dans une optique microscopique sont visuellement compréhensibles, ainsi que la formation de molécules complexes. On a pu constater la présence de carbone loin de notre planète, c’est un élément versatile très répandu dans l’univers, ce qui prouverait qu’une connexion biochimique serait possible entre une possible vie ailleurs et nous.

L’argumentation continue à travers une réflexion sur l’évolution, les conditions environnementales, l’adaptation de la végétation, l’influence des caractéristiques de la planète hôte. John Boswell nous réaffirme qu’il ne s’agit que de spéculations créées par le mélange entre connaissances scientifiques et imagination.

Le « hall des microbes » serait potentiellement la salle la plus grande. Trouver un microbe dans l’espace serait déjà une découverte gigantesque. Les scientifiques cherchent dans toutes les directions possibles, le plus loin possible.

Une question subsiste alors : cherchons-nous dans la bonne direction ? Devons-nous chercher aussi là où cela nous semble hostile comme les étoiles naines ou les planètes gazeuses ? Ces zones proposent pourtant suffisamment de caractéristiques favorables à la vie et c’est peut-être là que nous découvrirons notre premier spécimen.

Jeux de lumière et musique haletante nous envoûtent, le suspens ne fait que progressivement monter.

« La vie comme on ne la connaît pas »

Melodysheep se penche sur les théories de vies exotiques possibles grâce à des environnements extrêmes et une vision différente des réactions biochimiques. L’univers est majoritairement trop chaud ou trop froid pour la formation de vie. Ici, le point de départ est non pas le carbone, mais le silicone. L’élément pourrait proposer des résultats de vies fascinantes, mais demanderait des conditions extrêmement différentes à la nôtre. John Boswell enchaîne avec les différentes possibilités environnementales et explique que cela pourrait théoriquement proposer une biosphère à l’intérieur de notre propre planète, là où la température est extrêmement chaude.

Il expose de fil en aiguille d’autres hypothèses comme des formes de vie indétectables par l’humain, des formes supposées vivables, ou encore des machines vivantes façonnées par une civilisation plus avancée que la nôtre.

L’univers est encore jeune et l’apex technologique est peut-être universel, il en découlera de l’évolution des chaînes de vie. Melodysheep conclut qu’on reste la seule vie « exposée » dans ce musée. En citant Loren Eiseley, il explique que dès lors que nous serons vus et nous pourrons voir une vie alien, nous pourrons explorer et découvrir nos origines et destinations communes. Il faut donc regarder vers le haut pour nous connaître davantage.

Crédits
> Concept, visuals, and score by Melodysheep, aka John D. Boswell.
> Narrated by Will Crowley. Additional visuals by Lynn Huberty, Tim Stupak, NASA, and Evolve.
> Featuring soundbites from Nick Lane, Jonathan Losos, Caleb Scharf, Shawn Domagal-Goldman, Chris Crowe, Jack Cohen, and Jill Tarter.

Vous pouvez suivre les prochains projets de Melodysheep sur Twitter (@musicalscience 16,5K abonnés), Instagram (18,3K abonnés), et YouTube (1,59M abonnés, moyenne de 200k-7M-50M vues par vidéo).

Légende des photos.
Captures d’écran du projet Life Beyond 2